Il n'existe aucune preuve indiquant que les progestatifs peuvent prévenir les fausses couches.
Des hormones appelées « progestatifs » ont pour fonction de préparer l'utérus à recevoir et soutenir l'ovule nouvellement fécondé. Il a été suggéré qu'il était possible que certaines femmes qui subissent une fausse couche ne produisent pas suffisamment de progestérone, la supplémentation en progestérone a donc été proposée comme une méthode possible pour prévenir les fausses couches. Cette revue de quinze essais (soit 2 118 femmes) n'a découvert aucune preuve indiquant que les progestatifs peuvent globalement prévenir les fausses couches. Il existait des preuves, toutefois, que les femmes qui ont subi trois ou davantage de fausses couches peuvent bénéficier des progestatifs pendant la grossesse mais des essais supplémentaires sont nécessaires et sont en cours de réalisation, en particulier ceux dans lesquels les effets indésirables potentiels sur le bébé sont mesurés.
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La progestérone, une hormone sexuelle femelle, est réputée induire des variations des sécrétions dans la muqueuse de l'utérus essentielles pour que la nidation de l'ovule fécondé soit réussie. Il a été suggéré qu'un facteur responsable dans de nombreux cas de fausses couches pourrait être la sécrétion inappropriée de progestérone. C'est pourquoi des progestatifs ont été utilisés, en commençant au premier trimestre de grossesse, dans l'optique de prévenir les fausses couches spontanées.
Objectives
Déterminer l'efficacité et l'innocuité des progestatifs comme traitement préventif contre les fausses couches.
Search strategy
Nous avons effectué une recherche dans le registre des essais cliniques du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance (janvier 2008), (CENTRAL) (The Cochrane Library 2006, numéro 4), MEDLINE (de 1966 à juin 2006), EMBASE (de 1980 à juin 2006), CINAHL (de 1982 à juin 2006), le registre des essais cliniques NHMRC (juin 2006) et le méta-registre (juin 2006). Nous avons consulté les références bibliographiques des articles pertinents, avec l'intention de contacter les auteurs lorsque cela était nécessaire, et nous avons contacté des experts dans le domaine pour les travaux non publiés.
Selection criteria
Les essais contrôlés randomisés ou quasi-randomisés comparant les progestatifs à un placebo ou à l'absence de traitement, administrés dans l'optique de prévenir la fausse couche.
Data collection and analysis
Deux auteurs de la revue ont évalué la qualité des essais et extrait les données.
Main results
Quinze essais (soit 2 118 femmes) sont inclus. La méta-analyse de toutes les femmes, quelle que soit la gravidité et le nombre de fausses couches précédentes, n'a mis en évidence aucune différence statistiquement significative concernant le risque de fausse couche entre les groupes sous progestatifs et sous placebo ou sans traitement (odds ratio (OR) de Peto (RC de Peto) 0,98 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,78 à 1,24) ni aucune différence statistiquement significative concernant l'incidence d'effets indésirables soit chez la mère soit chez son bébé.
Dans une analyse en sous-groupe de trois essais portant sur des femmes qui avaient subi des fausses couches récurrentes (trois ou davantage de fausses couches consécutives), le traitement par des progestatifs a entraîné une diminution statistiquement significative du taux de fausses couches comparé au placebo ou à l'absence de traitement (odds ratio (OR) de Peto 0,38 ; IC à 95 % 0,20 à 0,70). Aucune différence statistiquement significative n'a été observée entre les voies d'administration des progestatifs (orale, intramusculaire, vaginale) par rapport au placebo ou à l'absence de traitement.
Conclusions des auteurs
Il n'existe pas de preuve pour étayer l'utilisation en routine des progestatifs pour prévenir les fausses couches entre le tout début et le milieu de la grossesse. Cependant, il semble qu'il existe des preuves d'un certain bénéfice chez les femmes présentant des antécédents de fausses couches récurrentes. Le traitement pour ces femmes peut être justifié compte tenu des taux réduits de fausses couches dans le groupe sous traitement et de la constatation qu'il n'existe aucune différence statistiquement significative entre les groupes sous traitement et témoin concernant les taux d'effets indésirables ressentis soit par la mère soit par son bébé dans les preuves disponibles. Des essais de plus grande taille sont actuellement en cours pour obtenir des informations sur le traitement pour ce groupe de femmes.
Translated by: French Cochrane Centre
Translation supported by: Ministère du Travail, de l'Emploi et de la Santé Français